Máncora, début juillet, 10h du matin, 25 degrès.

Après une semaine à Lima et 20 heures de bus, j’ai troqué la grisaille de la capitale péruvienne contre l’été éternel. Contente ! Me voici à Máncora, petite station balnéaire du Nord du Pérou située à moins de 2 heures de la frontière équatorienne. A ma descente du bus, une multitude de moto-taxis s’empressent autour de moi, prêts à exaucer mes moindres souhaits. Transports, plongée, surf, sortie à cheval… Mes oreilles entendent mais n’écoutent pas. Je dis « ok » au premier venu. Je veux juste qu’il m’emmène à l’écolodge de Tom. Alors je répète machinalement l’information que l’on m’a donnée avant d’arriver : Ecolodge Máncora, dans la Quebrada, barrio industrial, La Posada ! Ni une ni deux, il lance son engin à trois roues sur la panaméricaine et me dit :

Ah oui, l’écolodge, je connais. C’est très bien là-bas !

D’un coup, Mario change de direction et descend un petit chemin en terre assez raide. Le moto-taxi se met à chahuter dans les cahots. Situé à l’écart du centre ville, certains reculeront face à ce lieu-dit « la Quebrada » qui signifie « vallée au milieu de laquelle coule une rivière ». D’autres comme moi, trouveront ce qu’ils cherchaient, un lieu atypique et authentique. Retranchée dans une sorte de carrière, la Quebrada est en ce mois de juillet toute assechée.

Au milieu de ce paysage sévère et aride, je découvre une oasis formée de palmiers et de baraques en bois.

Un petit hôtel atypique, naturel et authentique

D’entrée, l’écolodge de Thomas Gimbert me ramène quelques années en arrière, à toutes ces heures passées à jouer dans des cabanes de fortune où nous nous inventions avec mes amis des vies d’aventuriers.

Jeune architecte français et ancien backpacker, Tom, comme tout le monde l’appelle ici, a fait de mes souvenirs d’enfance, une cabane de luxe où les branches des arbres rentrent dans la douche, les feuilles de bambous tressées servent de couvre-chef, le sommet des plus hautes chambres concurrence la cîme des arbres ! Au milieu de ce petit hôtel de 6 chambres trône la piscine nettoyée à l’aide d’une lampe UV et sans produits chimiques.

Ici tout est naturel et authentique, les matériaux et les techniques traditionnelles employées pour la construction, les petits-déjeuners de Jovita, certainement parmi les meilleurs de Máncora.

Retrouvez les coordonnées de cet hôtel (et tous les bons restos de Manu à Máncora) en fin d’article !

Le concept original de cet écolodge a le mérite d’attirer une clientèle différente : des voyageurs en quête de sérénité et d’authenticité avec qui il est agréable de discuter autour de la table des repas. Chacun va de son histoire, de son expérience au Pérou. S’ils ne méditent pas, ce sont des férus de surf. Entre voyageurs, on se partage les adresses secrètes de Máncora, les bons plans pour découvrir le meilleur du Pérou hors des sentiers battus.

Échange de mails et « Tiens-nous au courant si jamais tu passes par chez nous ! » en guise d’aurevoirs…

Des projets solidaires

Si Tom, le propriétaire, est un véritable courant d’air, c’est parce qu’il mène 10 000 projets à la fois. Dernier en date, la construction de 5 maisons de familles démunies de Máncora. Un projet qu’il a monté avec 26 étudiants de l’Ecole Spéciale d’Architecture de Paris dans laquelle il donne des cours. Le projet a fait des émules parmi les médias péruviens et la suite est déjà bien entamée avec en prévision, la construction d’une centaine de maisons toujours dans l’esprit d’aider les familles dans le besoin. Autour de Tom, gravite toute une équipe d’artisans, Gerardo, Calin….une fratrie de trois garçons provenant de la selva. Ce sont des awajúns, une commnauté indigène de la forêt amazonienne du Nord du Pérou. Ils ont appris l’espagnol sur le tas et suivent Tom dans ses projets les plus fous.

Et les eaux bleues du Pacifique…

Situé à quelques 200 mètres du lodge, le mystérieux Pacifique attire à Máncora les aficionados du surf. Impossible pour moi d’y échapper. On me recommande Carlos pour mes premières leçons. Surfer la vague est loin d’être aisé mais à voir la facilité de bon nombre d’habitués, on se laisse facilement gagner par l’envie d’essayer. Pour tout backpacker et fan de surf qui se respecte, Máncora est donc le passage obligé.

Sur les eaux du Pacifique, glissent toutes sortes de planches, kite-surf, paddle, bateaux et balzas (radeaux artisanaux de pêcheurs faits à la péruvienne avec du bambou, quelques bouts de ficelle et une voile toute frêle). Les milliers de pélicans viennent taquiner les pêcheurs, les loups et les tortues de mer attirent la curiosité des plongeurs. Nombre de touristes avec ou sans le pied marin, qu’à cela ne tienne, embarquent, prêts à tout pour voir les baleines… Si le nord du Pérou est une région relativement aride, le campo (la campagne) ou les mangroves offrent une pause au vert et une ambiance complètement différente de la station balnéaire.

N’oubliez pas de faire un tour au marché

Dernière expérience incontournable à Máncora, faire ses courses ! Sur le marché local, on se sent plus touriste que jamais. Du haut de mes 1m80, je passe difficilement pour une locale, obligée de baisser la tête pour traverser l’allée principale. Véritable bric-à-brac, on y trouve de tout en caisson, accrochés ou plaqués sur du papier journal quand ce n’est pas directement à même la table : fruits, légumes, poissons, viande, épicerie, tuperwares, vêtements… L’expérience est à vivre et prend idéalement fin avec sur place la dégustation d’un ceviche ou d’un jus de fruit frais… mais estomacs fragiles, prenez garde !

Outre le marché local, les Péruviens sont les champions du double emploi ou « d’un magasin peut en cacher un autre ». La laverie indiquée sur les 4 coins de la devanture en apparence est avant tout une épicerie. Le vendeur de billets de bus cache en arrière boutique un labyrinthe d’étals alimentaires.

Les surfeurs, le ceviche, le marché local, les moto-taxis, les richesses du Pacifique, un été éternel, que fallait-il de plus à Tom pour lancer son projet d’écolodge ?

Certainement un vent de liberté et d’audace qui lui a insuflé la dose d’inspiration nécessaire et par lequel on se laisse facilement emporter !