Ce dimanche-là, notre road trip en Roumanie nous emmène dans la jolie ville de Sibiu.

Nous nous établissons à la Pensiunea Cocosul Rosu (Pension du Coq Rouge), proche du centre. Très sympa avec un joli balcon et une cour.

Sibiu est une grande ville saxone de Transylvanie, fondée par les Allemands. Son nom saxon est Hermannstadt. La première chose qui attire l’attention ce sont tous ces petits yeux sur les toits… si, regardez bien, des milliers de fenêtres somnolentes vous épient…

La citadelle est coquette mais a un je-ne-sais-quoi de très « propret ». Les grandes places pavées arborent fièrement leurs monuments médiévaux, les terrasses des restaurants sont pleines, il y a manifestement beaucoup de visiteurs, des touristes, des gens de passage.

Un sticker voyageur à Sibiu

En s’éloignant un tout petit peu des grandes places, nous nous sentons un peu plus à l’aise. Nous remarquons qu’il y a beaucoup de grandes portes cochères en bois.

Intrigués, nous en poussons une.

Et là, c’est l’émerveillement.

Il y a toute une vie derrière ces portes. Les cours intérieures sont communes, et il y a ce qu’il faut pour nous faire ouvrir grand les yeux. Ici, un plafond épais de vigne vierge, là une petite piscine gonflable avec encore les éclaboussures des derniers jeux, une poussette, un journal attendant qu’on le lise, un massif de roses bien entretenu, un mur tapissé de photos, des bibelots.

Nous nous prenons au jeu et ouvrons toutes les portes que nous trouvons comme des chasseurs de trésors. Chacune des cours est différente. En ouvrant que va t’on trouver ? Une grande cour bourgeoise plantée, ou bien une toute petite, engoncée entre de hauts murs, avec du linge étendu, une voiture et un tas de ciment abandonné ? Parfois de grands jardins…

Nous y passons tout l’après-midi. C’est magique. J’ai l’impression de me faufiler chez les gens en leur absence. Bon, c’est un peu le cas ! À chaque ouverture de porte on retient sa respiration, puis c’est la surprise.

Nous croisons quelques enfants qui se courent après dans les étages. Une dame nous entend, elle sort sur son palier, nous sourit. Personne ne nous met dehors, mais il faut être très discret car bien sûr nous ne sommes pas censés être là.

Nous apprenons par la suite que s’il a tant d’arrière-cours à Sibiu, c’est que la ville était très commerçante : il s’agit des anciennes habitations de marchands saxons qui pouvaient ainsi entreposer et stocker leurs marchandises.

Le temps est passé, chacun s’est réapproprié l’espace à sa façon… Le résultat est plein de charme.

En chemin, un ouvrier nous fait visiter son chantier… une immense école… il est touchant, m’offre une fleur du jardin. En la cueillant, il me dit quelque chose comme « De toutes façons, on va tout raser pour faire une piscine » dans un sourire.

Il nous montre des diapositives abandonnées là. Des lames minces de végétaux, je crois. Il trouve dans son bureau poussiéreux un livre pour apprendre le français ; il tient à ce qu’on l’emporte avec nous. On peut encore lire les réponses d’un élève aux exercices, écrites sans conviction au crayon à papier.

Je n’échangerais pas cette après-midi contre tous les coups à boire du monde sur la grande place…

Ce soir-là, il y a un festival de hard rock. Étonnant de croiser ici, dans cet univers pastel, des gothiques en noir et bottes à pointes. Et tout ce petit monde de bouger ses cheveux sur la grande place historique.

Le restaurant du soir est délicieux. Nous y croisons le groupe de heavy metal qui était sur scène quelques heures plus tôt. J’écrirai un petit article dessus.

Décidément, la Roumanie nous réserve bien des surprises.

Pensiunea Cocosul Rosu

Photos instantanées réalisées avec un FUJI Instax mini.